Rezé (44), mars 2019
Nouvelles représentations au profit d’associations caritatives, avec Des souris et des hommes ! Au travers de ces dates au théâtre municipal de Rezé, le Théâtre en Liberté s’est associé aux associations Enfants Réfugiés du Monde et Kouambasoré.
Un des plus beaux retours après nos représentations de ce début d’année, de la part de Pascal Gilet, président de Association Kouambasoré…
George et Lennie sont des ouvriers agricoles journaliers, on est dans les années 30 et on les croise en Californie. Ils cherchent du travail et cheminent à deux. George est mûr et protecteur envers Lennie qui semble vite un « cœur simple », un faible d’esprit mais aux mains à la force colossale. L’histoire, on le sait, finit mal.
La version du Théâtre en Liberté sent l’Amérique, il y fait chaud, les temps sont durs, les gens sont susceptibles, revêches, âpres. Le quotidien est farouche et violent. Ils s’étonnent souvent du tandem inédit George-Lennie qui semblent si différents et si proches à la fois. On croise les destinées pétries d’espoirs de chacun de ces êtres-là : avoir leur propre ranch pour y élever des animaux et être enfin heureux.
L’histoire se charpente autour de cette amitié universelle entre George à la voix si profonde et Lennie à la sincérité totalement émouvante. George passe son temps à éviter que Lennie se fasse trop remarquer, que son handicap ne le stigmatise trop vite, son affection est flagrante et sincère. Lennie, lui, traverse la vie avec une humanité désarmante et cocasse. Les gens qu’ils croisent rêvent, monologuent, exhibent leurs plaies ou leurs obsessions, la solitude de chacun nourrit la relation compliquée à l’autre, tout se suspend le temps d’un mot de trop, d’un geste équivoque.
Rien ne va évidemment tout à fait s’inscrire comme prévu et on palpe le drame qui rôde autour de nous… Des souris, des chiots ou de futurs lapins au pelage si soyeux finissent involontairement broyés entre les doigts de Lennie. « Va falloir rester sur nos gardes », dit George. Hélas…
Les déplacements, les costumes, la scénographie astucieuse, la lumière sont au service de chaque parole et du bouquet d’émotions que le jeu sur scène nous offre. Une musique qui, collée au réel nous emporte du début à la fin de cette tragique histoire puis la parole simple et rare puis le silence font le reste. Les arrangements avec le texte originel ne sont jamais un souci, intelligemment dictés par la distribution ou les choix artistiques du metteur en scène. Comme on vit dans un simple fracas attendu le dénouement fatal, les images finales sont alors d’une vitesse idéale pour laisser les larmes couler en douce. Le corps de Lennie au bord de la rivière reste longtemps immobile en nous, juste éclairé de rouge par un funeste foulard. Puis les applaudissements peuvent éclore et crépiter avec ardeur.
Merci et bravo deux fois 5, dix lettres jolies et heureuses!