Le Théâtre en Liberté… de retour d’Amérique Latine
Samedi en fin d’après midi, des conquistadors bien originaux débarquaient à Vertou, à l’occasion de l’Eldo’Radeau Burlesque du Théâtre en Liberté… Après de longs mois de voyage en mer, nous avons accosté pour partager avec les habitants notre trésor, ces textes et poésies d’auteurs d’Amérique Latine…
Vous avez aimé nos choix de textes, de poèmes, tour à tour touchants, drôles, décalés…
en voici quelques uns :
De Humberto Ak’abal – Arbre
Livre vert
arbre poète
que de poésie dans tes feuilles !
Quiconque
se pose sur tes branches
devient chanteur.
De Mario Molina Cruz
Les rivières ne remontent pas à leur source,
les larmes non plus.
Les fleuves se perdent
en suivant leur cours,
dans les fourrés, les canaux d’irrigation,
dans les champs
et la mer ouverte,
ou c’est simplement le temps qui les sèche.
De Lourdes Espinola – Naître femme poète
L’alternative:
Sauter du balcon ou le faire voler en éclats.
Jupes, éventail, aiguille et fil:
je me mets nue et me rebiffe.
Au diable regarder la vie
de mon balcon!
Prison en demi-cercle,
oreille sourde, bouche sourde
je críe et parle
de ce métier solitaire de l’écriture.
Manuscrit de visions intérieures
miroirs d’une femme qui s’ouvre.
Je nais
crevant des sources de poison.
De Lourdes Espinola -Solitude, Soledad
Avec le parfum de mes pores
bien à ton aise tu te couches
sur le long couloir de mes seins.
Orpheline, sans moi-même,
tu circules dans mes entrailles
retrouvant ton vieux territoire.
Scorpion que mord
le venin de son propre dard
je me vois qui me tords
dans ton sourire victorieux.
De Gabriela Mistral – Où ferons-nous la ronde ?
Où ferons-nous la ronde ?
La ferons-nous au bord de la mer ?
La mer dansera de toutes ses vagues,
tressant des fleurs d’oranger.
La ferons-nous au pied de la montagne ?
La montagne nous répondra :
Ce sera comme si les pierres du monde entier
Se mettaient à chanter.
Mieux, la ferons-nous dans la forêt ?
Des chants d’enfants et d’oiseaux
tresseront des baisers dans le vent.
Nous ferons une ronde infinie :
Nous irons la danser dans la forêt,
nous la ferons au pied de la montagne,
et sur toutes les plages du monde.
Pablo Neruda – La Centaine d’amour
Amour, amour, à la tour du ciel les nuages
montèrent telles de triomphantes lavandières,
et tout brûla en bleu d’azur, tout fut étoile :
la mer, le navire, le jour s’exilèrent ensemble.
Viens voir les cerisiers dans leur eau constellée
viens voir la ronde clef de l’univers rapide,
Viens toucher le feu de l’azur instantané,
viens avant que ses pétales se consument.
Il n’est ici que lumière, abondance, grappes,
espace ouvert par les vertus du vent
jusqu’à livrer les derniers secrets de l’écume.
Et parmi tant de bleus célestes, submergés,
nos yeux se perdent, devinant à peine
les pouvoirs de l’air et les clefs de la mer.
Bonjour,
Nous vous remercions pour votre participation qui nous a laissé un très bon souvenir lors du festival Charivari.
Cordialement.
Le service culturel